Définition, diagnostic et traitement

Le syndrome de Sudeck ou algodystrophie (algoneurodystrophie), est un trouble particulier qui peut atteindre n’importe quelle partie d’un membre.
Il s’agit d’un syndrome douloureux régional chronique, dont le début survient dans des circonstances souvent stéréotypées, et dont la durée est très variable : de quelques jours à plusieurs mois.
Elle se définit en quelque sorte comme une complication imprévisible apparaissant après un traumatisme, même minime, ou une intervention chirurgicale. La circonstance déclenchante est la douleur. Sa fréquence est mal connue.
On ne sait pas vraiment pourquoi certains développent une algodystrophie. Il est connu qu’elle survient légèrement plus fréquemment chez les femmes que chez les hommes, et que l’on retrouve souvent soit un terrain anxieux, soit un stress important, souvent lié à l’accident initial ou à l’interventon chirurgicale. Les mécanismes de l’algodystrophie sont mal connus. On sait que le système nerveux autonome (celui qui n’est pas sous la commande de la volonté) est impliqué. Cela explique pourquoi son traitement n’est pas encore bien codifié.
L’Algodystrophie à la main
La main et poignet sont touchées de façon non exceptionnelle. Les circonstances de l’affection sont aussi bien une intervention chirurgicale qu’un traumatisme, le plus souvent une fracture. Après intervention du tunnel carpien, on estime l’incidence à 1/1000.
Le syndrome de Sudeck évolue habituellement en 3 phases :
1. La phase aigüe
Elle apparaît dans un délai variable après le traumatisme ou l’intervention chirurgicale. Douleur, gonflement et hypersudation évoluent dans le temps, en s’associant de façon très variable et inconstante : la douleur apparait souvent de façon brutale après un intervalle libre de quelques jours à quelques semaines. Cette douleur est diffuse, profonde, souvent au niveau des articulations des doigts. C’est plutôt une brûlure ou une sensation de gonflement chaud. Elle est souvent permanente, y compris la nuit, et augmente lors de la mobilisation des doigts et du poignet.
Les modifications de la peau et des tissus sont:
- Un oedème de la main (gonflement important) ;
- Des troubles de la coloration de la peau, qui peut être rouge ou au contraire pâle, voire violacée ;
- Des troubles de la température de la peau (main chaude ou froide) ;
- Des excès de transpiration.
L’évolution de ces symptômes est très variable dans le temps. Cette phase peut durer quelques jours à plusieurs semaines.
2. La phase de rémission fait suite à la précédente
Les symptômes décrits ont tendance à régresser. Les douleurs s’estompent, la main dégonfle et le plissement cutané réapparaît, les doigts et le poignet recommencent à bouger avec moins de douleurs.
3. La phase de séquelles
Plus rare, elle se caractérise par un enraidissement des articulations avec parfois un aspect « fibreux » ou « cireux » des doigts (aspect en baguette). On dit que le syndrome de Sudeck est passé en phase « froide », car les gonflements et les modifications de température ont disparu. Les doigts sont enraidis en flexion.
Diagnostic
Le diagnostic repose sur trois éléments : l’examen de la main précédemment décrit, la radiographie et parfois la scintigraphie. La radiographie de la main peut montrer des signes de décalcification des os. Ce signe n’est pas spécifique et sa survenue tardive rend cet examen non contributif au début.

La scintigraphie osseuse est l’examen complémentaire le plus utile pour confirmer précocement le diagnostic.Il est indolore, un peu long dans la durée puisque des clichés tardifs (4 heures après l’injection) sont nécessaires. Cet examen consiste à injecter dans une veine du bras ou du pied un produit radioactif (contenant du technétium) qui se fixe sur les os (contre-indication chez la femme enceinte ou susceptible de l’être). Les mains sont «photographiées» par une caméra spéciale en 3 temps :
- Au moment de l’injection (étude de la vascularisation)
- Dans les minutes qui suivent (étude des tissus mous)
- Quelques heures après (pour étudier les os).
En cas de Syndrome de Sudeck, la main atteinte fixe davantage et précocement le produit radioactif. Cette hyperfixation évolue dans le temps, permettant de suivre l’évolution.
Traitement
Il n’y a pas de traitement standard mais l’efficacité dépend de la précocité de la mise en route. Il associe souvent des médicaments et des techniques de rééducation. Le principe essentiel est de supprimer la douleur. Les médicaments utilisés sont très différents, témoignant de la diversité des formes.
Les antalgiques sont essentiels. Les anxiolytiques et les antidépresseurs jouent sur la composante psychologique de la maladie.
La calcitonine est très utilisée : par prise journalière pendant 3 semaines puis 3 fois par semaine pendant 3 semaines (en pulvérisations nasales). Certains produits peuvent être utilisés selon la technique du bloc régional intraveineux. Leur utilisation nécessite une hospitalisation en ambulatoire. Ces blocs sont réalisés et surveillés par un anesthésiste. Ils peuvent être répété deux ou trois fois. D’autres produits sont plus rarement employés : bêtabloquants, diphosphonates…
L’ergothérapie a pour but de diminuer les douleurs et lutter contre l’oedème et l’enraidissement des articulations des doigts. Le principe de base est d’obtenir et d’entretenir la mobilité articulaire dans un secteur indolore. Cette rééducation doit donc être douce. Elle est souvent prescrite de façon prolongée. De nombreux moyens sont utilisables :
- Bains alternés ou « Ecossais » (chaud et froid)
- Thermothérapie (infrarouges, paraffine)
- Electrothérapie (basses fréquences, ionisations)
- Pressothérapie
- Massage et mobilisations articulaires douces
- Orthèses de repos et orthèses dynamiques
- Mise en charge active progressive du membre supérieur (brossage, port de charge…)
L’évolution de la maladie dure plusieurs mois.
Dans 60 à 75% des cas, elle disparaît sans séquelles en 6 à 12 mois.
Dans 25 à 40% des cas, elle peut durer plus longtemps (jusqu’à 2 ans ), et laisser des séquelles définitives, en particulier la raideur.
Complications communes à la chirurgie de la main :
- Infections nosocomiales : elles sont rares et se maîtrisent aisément lorsque le diagnostic est précoce. La prise d’antibiotiques et une nouvelle intervention sont parfois nécessaires.
- Hématome : le diagnostic doit être précoce et, la reprise chirurgicale est également parfois nécessaire.
- Syndrome de Sudeck (algodystrophie) :
il s’agit d’un « dérèglement » du système nerveux végétatif qui contrôle la douleur alors qu’il n’y a aucun problème sous jacent. Sa manifestation est indépendante du type de chirurgie et peut survenir même après une simple immobilisation. La main devient gonflée, douloureuse, et s’enraidit progressivement. L’évolution peut être très longue. Des séquelles sont possibles (douleurs résiduelles, raideur des doigts et /ou du poignet, parfois de l’épaule). Le traitement est difficile et fait appel à des produits spécifiques et à la rééducation. - Accident d’anesthésie : du plus simple au plus grave, y compris le décès (1 décès sur 100.000 à 150.000 anesthésies).